Femmes effacées

Femmes effacées 
Gommées
Fantômes noirs
Comme d'étranges
Chauves-souris
Au visage d'ombre
Et de silence

Sous les porches
D'Ispahan
De Kashan
Et de Yazd
Vous passez

De vous je ne vois
Que le moiré
Des ténèbres
Qui vous habillent
Parfois
Un bref regard
Aussitôt
Baissé

Corps caché
Cheveux voilés
Étouffées de noir
Vous allez
Par les ruelles
Des vieilles villes
De sable ocre

Pauvres
Corbeaux
Cloués au sol
Par la terrible
Volonté
Des hommes

Vos pères
Vos maris
Vos frères
Qui eux marchent libres
Rient
Et parlent fort

Ils vous ont gommées
D'un revers de la main
Comme on efface
La craie sur un tableau noir.