TRANSHUMANCES
Transhumance – Ce mot-là est une petite merveille. Bien sûr, cela désigne la migration périodique du bétail, mais ce sens-là m’importe peu. C’est son étymologie qui est intéressante. Du latin trans (de l’autre côté) et humus (la terre, le pays). Partir de l’autre côté de la terre. Marcher sur l’humus.
Le mot « homme » (homo en latin) dérive lui-même d’humus. L’homme vient de la terre et y retourne, c’est bien connu.
Le mot humble aussi a les mêmes racines et signifie « près de la terre ».
Transhumer, c’est passer de l’autre côté des frontières, traverser les terres, traverser les hommes, se délier du bric et du broc, du toc, revenir au plus près de l’humus, humblement. C’est aussi humer le terreau, sentir le grain des sables, de l’argile, des terres grasses et des terres gastes ; marcher sur les sentiers et les crêtes, être un arpenteur de la beauté du monde.
Avant qu’elle ne meure.
Alain M.