Chroniques d’un retour en France (4)
Nous avons passé le printemps en Thailande, l’été en Islande; voilà que nous passons l’automne en France. Où serons-nous cet hiver? Et sera-ce un hiver ou un nouvel été? Les saisons passent et s’enlacent, s’étirent ou s’effacent et nous passons sur le sable, les scorries et la lave, sous les arches des sous-bois, sur le fil étroit des collines de l’enfance, dans l’antre flamboyant des forêts, encore ivres de nos errances, libres malgré nos laisses et nos laissez-passer.
Nous tirons sur la corde, rendue ductile par nos malices, indociles à la maréchaussée, réfractaires à l’enfermement, à l’espace étriqué des cellules, à la rotondité transparente de la bulle où l’on nous somme de vivoter, toute joie ôtée.
Nous marchons en secret dans la gouge des chemins, sur les tapis épais et craquants de feuilles, sans rencontrer personne, à l’affût que nous sommes des miracles de roc et d’écorce, au milieu des mandalas que dessine l’automne et que nous parcourons en riant, soustraits aux mots d’ordre, aux maux de l’ordre imposé, ces ogres qui lentement grignotent l’horizon en avalant les dernières lignes de fuite.
Et c’est comme si soudain le monde retrouvait l’innocence, le calme et la beauté; et nous les douces folies de notre errance…
Vos photographies sont magnifiques et vos textes si poétiques ! S’il vous plaît poursuivez vos voyages, vous me faites rêver…