Avant le grand départ
Nos chaussures de randonnée Meindl, nous les avons achetées en juin 2018 au Vieux Campeur à Lyon, soit un an avant le grand départ.
Pour les étrenner, nous sommes d’abord allés dans un des plus beaux endroits du monde (mais si!) : les crêtes de la vallée de Chaudefour, notre rando fétiche, faite en toutes saisons et par tous les temps, y compris l’hiver dans le brouillard et le blizzard.
Pour tenter d’assouplir nos chaussures, nous avons ensuite affronté le GR54 (tour des Ecrins), réputé un des plus difficiles d’Europe. 11 jours en autonomie. 11000 mètres de dénivelé cumulé. Cela n’a pas suffi à les casser…
Dans l’année qui a suivi, nous les avons portées le plus souvent possible (même au travail pour ma part) histoire de les amadouer un peu. Nous avons aussi marché sur les crêtes de l’Hortus, du Sancy et dans la neige du Pariou.
Partir…
Puis ce fut le grand départ. Adieu baskets, chaussures de ville, pantoufles! Désormais, nous n’avions plus que nos Meindl.
A peine étions-nous arrivés au Kirghizistan que déjà nous affrontions notre premier 4000: Le Pic Komsomolet (4204 m). Puis ce fut la difficile montée vers la Telety Pass (3800), le camp de base du Pic Lénine (4200), le pic Kolm (4600).
Entre temps, nous avions marché sur l’asphalte des villes et des routes. Et cela a continué en Ouzbékistan, au Turkménistan…
En Iran, nos chaussures ont connu pour la première fois le sable et le sel des déserts.
Ensuite, il y eut les 270 km du Grand Tour des Annapurna. Toute une histoire racontée là:
https://transhumances.eu/tous-les-chiens-sappellent-michel/
La première fois que nous avons tenté de prendre une douche dans les Annapurna, nous avons vite compris que les Meindl n’étaient pas idéales pour la chose et que nous aurions dû acheter des tongs. Trop tard! Allez donc trouver des tongs au milieu de nulle part! Célia me répétait: « On aurait dû acheter des tongs, on aurait dû acheter des tongs! » Certes, certes! Or nous avions remarqué que des français qui étaient passés avant nous sur le sentier avaient laissé des graffitis çà et là, sur des pierres, des poteaux, des troncs. Et voilà qu’un jour je m’approche de l’un de ces graffitis inscrit sur un poteau de bois. Il disait: « Déposez ici une intention. » Je baisse les yeux et au pied du poteau… il y avait une paire de tongs…
Puis ce furent les rues de Varanasi, Agra, Jaisalmer, Darjeeling; les chemins de Birmanie, Ankhor… Il n’y a guère qu’en Thaïlande où nous avons totalement abandonné nos Meindl pour des tongs. Confinement oblige…
Quand nous les avons à nouveau chaussées, c’était l’été. Le Horstrandir, la magie absolue de L’Islande. C’est là, je crois, dans les tourbières et la glace, que nos chaussures ont commencé à prendre l’eau.
Pourtant, elles ont à nouveau affronté une longue randonnée de 164 km, dans la neige et la boue…
Last but not least, après un passage chez le cordonnier (et un ressemelage des miennes) elles ont connu six mois de Chili, la Patagonie, la Cordillère de Darwin, l’Atacama; elles sont montée au sommet du Cerro Toco (5604m), ont arpenté les salars et les sables, les volcans et les forêts.
Mais c’est fini, maintenant, elles sont blessées, élimées, éreintées, elles vont laisser leur place à d’autres, et tout va recommencer.
Lorsque j’ai essayé mes nouvelles Meindl (achetées d’occasion sur le Bon Coin, à quelqu’un qui n’avait pas eu la persévérance nécessaire pour les faire à son pied), j’ai eu l’impression de mettre des chaussures de ski, c’est dire combien les précédentes étaient devenues aussi douces et souples que des pantoufles, mais je n’en avais pas vraiment conscience.
Nous allons les garder, nos vieilles chaussures. Comment pourrions-nous les jeter? Elles sont nos souvenirs.
Il n’est pas dit que nous enfilions immédiatement nos chaussures de rando (quoique…). Nous allons repartir, en juin. Où? Comment? Pourquoi? On vous expliquera…